Généalogie de la maison de la Moussaye 2

Publié le par OlivierC

B. SEIGNEURS DE LORGERIL.

 

I.

 

Guillaume Ier du nom, sire de la Moussaye, eut pour fils aîné Guillaume II, et pour fils puîné du même lit, Alain, tige commune de toutes les branches qui subsistent encore, les seigneurs de Carcouet toujours exceptés. La filiation d'Alain, prouvée par l'histoire, et par un grand nombre de titres, se trouve particulièrement consignée dans un mémoire écrit durant cinq générations successives de la main des aînés de la branche de la Folinaie. Ce mémoire est au nombre des papiers importants qui ont échappé à la Révolution.

Messire Alain de la Moussaye, chevalier, fut un des principaux chefs de l'armée victorieuse que le connétable du Guesclin conduisit en Aquitaine en 1372 (Histoire de Bretagne par le Baud, page 342). En 1378, suivi de deux chevaliers et de vingt écuyers de sa compagnie, il rejoignit le Connétable en Normandie, sous les murs de Pont-Audemer, et se signala dans les assauts meurtriers qui amenèrent la reddition de cette place. Il prit part au siège de Cherbourg, à la délivrance de Saint-Malo, et à la seconde expédition de Guyenne (Histoire de du Guesclin, par Hay du Châtelet, pages 397 et 256). Alain devint capitaine de Rennes en 1380, et ratifia en cette qualité le traité de Guérande le 20 août 1381, ainsi que Jean et Guillaume de la Moussaye, chevaliers (Histoire de Bretagne, par Lobineau, tome III, page 606). A l'endroit de cette dernière citation, on a imprimé la Houssaye au lieu de la Moussaye. Cette erreur, trop souvent commise, se trouve dans Froissard, dans plusieurs autres ouvrages, et se reproduit fréquemment de nos jours. Ainsi l'on voit le nom du Connétable lui-même, écrit tantôt Guesclin, Glesquin, Gueaquin, Guarplic et encore diversement.

Il existe un procès-verbal du 16 février 1669, dressé et signé par M. le Procureur général du Parlement de Rennes, par M. de la Faluère, Conseiller, et par les RR. PP. prieur et bibliothécaire des Jacobins de la ville de Rennes, touchant les noms, armes, devises et antiquités du seigneur Alain de la Moussaye, qui se trouvent dans leur couvent, tant en imprimés et manuscrits qu'en pierre et en bois. Il y avait à Saint-Malo une tour, maintenant détruite, appelée tour de la Moussaye, dont on rapporte la construction à cette époque.

D'après toutes les traditions de famille, Alain épousa Jeanne de Rohan. Cette alliance a toujours été reconnue par MM de Guéméné et de Soubise, bien qu'elle ne se trouve pas mentionnée dans plusieurs généalogies de la Maison de Rohan. Il parait que Jeanne était fille d'Alain VII de Rohan et de Jeanne de Rostrenen.

Alain eut pour fils aîné François, mort sans alliance, et pour fils puîné, Roland qui suit :

 

II.

 

Ni la profession des armes où il atteignit la plus haute renommée, ni l'illustre alliance qu'il avait contractée, n'enrichirent Alain, et l'on ne trouve pas qu'il ait transmis à son fils Roland aucune seigneurie de quelque importance : ce dernier fut plus heureux. Son épée lui assura un établissement honorable. C'était l'époque où le Dauphin, depuis Charles VII, s'efforçait de maintenir ses droits, et luttait péniblement contre les Anglais maîtres de Paris, et des plus belles provinces de France. En 1418 , le duc de Bretagne marcha au secours de Charles. Messire Roland de la Moussaye, chevalier, suivit le Roi, et se fit remarquer parmi les guerriers bretons. (Preuves de dom Morice, pages 968 et 986.) Au mois de janvier 1419, accompagné de Jean, son fils, et de dix écuyers, il se rendit au siège de Tours et contribua puissamment à la prise de cette place. Charles VII récompensa les services de Roland, et lui fit don d'une maison et manoir appelée la Férandière, située au pays de Poictou proche la ville de Poictiers, en laquelle maison il y avoit colombier, garenne et jurisdiction, en recognoissance des beaux faits de sa main, et aussi des frais que ledit messire Roland de la Moussaye et Jean son fils, avoient faits pour le recouvrement de la ville et château de Tours. (Titres de famille.)

Roland échangea le fief de la Férandière contre la seigneurie de la Touche-Trebry près Moncontour. Plus tard, il vendit cette dernière terre pour acheter la seigneurie de Lorgeril, agréablement située à trois lieues de Lamballe sur la rive du Frémur, non loin des bords de la mer, et s'y fixa définitivement.

Roland est nominé parmi les seigneurs bretons qui signèrent, en 1423, le traité d'alliance entre les États de Bretagne et le duc de Bourgogne (Preuves de dom Morice, tome II, page 1128). Il fut compris dans la réformation de la noblesse en 1427, il épousa Alix fille aînée et héritière du seigneur de Saint-Meloir, dont il eut Jean qui continua la filiation; Guillaume, tué à la guerre sans avoir d’alliance, et deux filles. L'une d'elles Catherine, épousa Pierre de Goyon, seigneur du Vaurouault, et reçut son partage de cadette le 11 novembre 1443.

 

III.

 

Jean de la Moussaye, seigneur de Lorgeril après son père, épousa noble demoiselle Jeanne de la Maison de Malestroit. De ce mariage sortirent :

1°. François, qui partagea noblement;

2°. Jean, mort sans alliance;

3°. Roland, dit le capitaine Roland, qui consacra sa vie entière au métier des armes, et dont après trois siècles quelques traditions populaires célébraient encore la vaillance;

4°. Gilles, seigneur de la Folinaie, qui forma une nouvelle branche ( Voyez la lettre D) ;

5° et 6°. Deux filles, dont l'une épousa le seigneur de Saint-Alban.

 

IV.

 

François de la Moussaye, chevalier, seigneur de Lorgeril, épousa, en 1505, noble demoiselle Marguerite de Bréfeillac.

Cette génération correspond à peu près à l'époque où la Bretagne , réunie à la France, cessa d'avoir ses intérêts propres et ses historiens particuliers. Les nobles Bretons restèrent fidèles à la profession des armes; mais, éloignés de la cour, leurs services furent presque toujours oubliés; aucune chronique ne perpétua le souvenir de leurs faits les plus glorieux. Après avoir versé leur sang et prodigué leurs biens dans des guerres lointaines, ils revenaient appauvris et ignorés dans leurs châteaux et dans leurs manoirs. Ces circonstances expliquent comment les branches cadettes de la Maison de la Moussaye restèrent pendant près de deux siècles étrangères à toute faveur, à tout emploi éminent. Toutefois , il n'est aucune génération qui n'ait fourni plusieurs officiers distingués aux armées de terre et de mer. Il serait trop long d'entrer à cet égard dans les détails que rapportent les titres de famille qui suppléent toujours imparfaitement au témoignage de l'histoire; on se bornera à présenter le tableau rapide des filiations.

 

V.

 

Roland de la Moussaye, deuxième du nom, fils de François, seigneur de Lorgeril , fut élevé enfant d'honneur à la cour du roi Louis XII. On sait combien les bretons étaient affectionnés à ce Prince depuis la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, où il combattit dans leurs rangs. La mort prématurée de Louis XII rompit la fortune de Roland, qui toutefois suivit une partie des guerres de François Ier en Italie, puis rentra en Bretagne , où il épousa Jeanne de Goyon de Beaucorps.

 

VI.

 

George, fils de Roland, né en 1540 seigneur de Lorgeril, fit ses premières armes à la funeste bataille de Saint-Quentin. Après la mort du connétable de Montmorency, il accompagna le duc de Guise au siége de Calais, où il fut grièvement blessé, et perdit un bras en combattant vaillamment, dit un ancien Mémoire, pour chasser les Anglais de France. De retour dans sa seigneurie, il épousa noble demoiselle Gillette Rocquel , d'une ancienne famille militaire. En 1414 Guillaume Rocquel servait sous le connétable de Richemont avec quinze écuyers de sa suite. On trouve plusieurs fois le nom de Rocquel parmi ceux des nobles de Lamballe qui prêtèrent serment au duc de Bretagne en 1437. (Dom Morice , tome II des Preuves, pages 908, 1303 et 1306.

 

VII.

 

Toussaint de la Moussaye, chevalier, seigneur de Lorgeril, fils de George, épousa noble demoiselle Jacquemine, du seigneur des Déserts, Maison considérable en Bretagne dès avant l'an 1300, et dont on trouve le sceau portant tantôt un lion rampant, et tantôt une palme. (Preuves de dom Morice, tome Ier, page 959.)

 

VIII.

 

George, deuxième du nom, chevalier, seigneur de Lorgeril, épousa Marguerite, fille du vicomte de Saint-Denoual; il eut pour fils

1°. Sébastien, qui suit;

2°. François, qui forma la branche des seigneurs de Saint-Marc et du Pesle. ( Voyez la lettre C.)

George et son fils François furent, par arrêt du 23 janvier 1669, au rapport de M. de Brehant, déclarés nobles d'ancienne extraction et maintenus en la qualité de chevalier.

 

IX.

 

Sébastien de la Moussaye, chevalier, seigneur de Lorgeril, épousa noble demoiselle Renée de Saint-Guestast, et mourut jeune, laissant une fille en bas âge qui lui survécut peu. Sébastien avait, par son testament accordé une confiance entière à sa veuve qui en abusa; elle se remaria promptement, dissipa tous les biens de sa fille et vendit la terre de Lorgeril, que les seigneurs de Saint-Marc s'efforcèrent en vain de recouvrer. Il existe à cet égard d’affligeants détails, bien connus des descendants de ta branche de la Folinaie, mais qu’il est inutile de reproduire ici.

 

 

C. SEIGNEURS DE SAINT-MARC.

 

François de la Moussaye, fils puîné de George II, seigneur de Lorgeril, et de Marguerite de Saint-Denoual, forma la branche des seigneurs de Saint-Marc. Cette branche s'est soutenue très-honorablement, et jouissant d'une grande considération jusque vers le commencement de la Révolution durant laquelle elle s'est malheureusement éteinte. La veuve du dernier seigneur de Saint-Marc est morte à Saint-Brieuc en 1829 , âgée de 86 ans.

L'extinction de la branche de Saint-Marc rend superflu d'en rapporter les filiations, qui se trouvent très-exactement établies par des titres de famille.

 

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