Généalogie de la maison de la Moussaye 3

Publié le par OlivierC

D. SEIGNEURS DE LA FOLINAIE ET DE LA VILLEGUERIF.

 

I.

 

Gilles de la Moussaye, quatrième fils de Jean, et petit-fils de Roland (voyez la lettre B), reçut en partage la petite terre de Guéravilly, démembrement de Lorgeril, qu'il échangea contre la terre de la Folinaie. Il n'était pas riche, car la terre de la Folinaie se composait d'un manoir noble et de cent journaux de terre. En vain chercha-t-il à améliorer sa fortune en servant le Roi sur mer. Durant ses longs travaux, rien ne lui réussit. Il vécut pauvre et mourut pauvre. Il eut pour femme Marie de Goures, dont la famille noble et ancienne résidait aux environs d'Etables. On trouve, dans les Preuves de Dom Morice, tome II, pages 919 et 1308, qu'en 1419 Jean de Goures servait dans l'armée du Dauphin, régent de France, avec dix-neuf écuyers de sa compagnie. En 1437, Éon et Pierre de Goures étaient au nombre des nobles de Goello qui prêtèrent serment de fidélité au duc.

 

II.

 

François de la Moussaye, chevalier, seigneur de la Folinaie, épousa noble demoiselle Françoise de Rondiers, fille du seigneur de la Croix.

 

III.

 

Julien de la Moussaye, chevalier, seigneur de la Folinaie, s'avança au service sous Henri IV et sous Louis XIII, et fut chevalier de l'Ordre du Roi. Un riche et noble mariage répara pour lui les torts de la fortune. Il épousa en 1585 Perronnelle de Goyon, dame de la Villeguerif, de Beaussais, des Noes, de la Vieuville, de la Villaumont, de la Villedaniel et des Métairies. Ces biens vaudraient aujourd'hui plus de trente mille francs de rente. De ce mariage naquirent :

1°. Charles, qui suit;

2°. Mathurin, seigneur de Beaussais et de la Villaumont. Mathurin forma une branche qui s'éteignit promptement dans la Maison de Bréjerac.

 

IV.

 

Charles de la Moussaye, seigneur de la Folinaie, de la Villeguerif, de la Vieuville, des Noes, de la Villedaniel et des Métairies, fut compris ainsi que ses cinq fils dans la réformation de la noblesse de Bretagne en 1669, déclaré noble d'ancienne extraction et maintenu en la qualité de chevalier. Il épousa noble demoiselle Françoise Bertho, d'une ancienne et riche fa-mille des environs de Lamballe , qui fut mère de cinq garçons.

1°. René de la Moussaye, seigneur de la Villeguerif et de la Vieuville, épousa noble demoiselle Mathurine, fille du seigneur de Lorgeril en Plorec. René eut pour fils Pierre de la Moussaye, qui fut d'abord capitaine au régiment de Saint-Mesme, puis commandant des milices de Bretagne. Pierre épousa Jacquemine de Brehant. De ce mariage naquit Victor-Martial, qui épousa noble demoiselle le Gobien et qui laissa pour fille unique Françoise de la Moussaye, mariée au seigneur du Tiercent, sans enfants. Durant le cours de la Révolution, Françoise de la Moussaye, dame du Tiercent, affaiblie par l'âge et les infirmités, fut amenée par de frauduleuses manœuvres, à disposer de ses biens qui étaient considérables, et dont les anciennes lois assuraient la réversion au marquis de la Moussaye, alors émigré.

Victor-Martial eut deux frères qui se firent cordeliers et qui parvinrent aux premières dignités de l'ordre.

2°. Philippe de la Moussaye, seigneur de la Folinaie, qui suit;

3°. Jean de la Moussaye, seigneur des Métairies, épousa noble demoiselle de la Boissière, dont un seul fils tué à la guerre ;

4°. François de la Moussaye, seigneur des Noes, épousa noble demoiselle le Gobien. Sa postérité s'est éteinte dans la Maison de Botherel.

5°. Sébastien de la Moussaye, seigneur de la Villedaniel, épousa noble demoiselle Renée de la Choue; sans postérité.

 

V.

 

Philippe de la Moussaye, chevalier, seigneur de la Folinaie, épousa noble demoiselle Jeanne Piedevache, fille du seigneur du Tertrepin. Le nom de Piedevache est celui d'une Maison ancienne et considérable, maintenant éteinte. Il se trouve souvent mentionné dans l'histoire de Bretagne, où il occupe un rang élevé. Philippe eut pour fils :

1°. Toussaint de la Moussaye qui épousa Renée de Pontual, et eut une fille morte en bas age;

2°. Maurice de la Moussaye, capitaine des vaisseaux du Roi, qui perdit un bras à la guerre, et ne se maria pas;

3°. François de la Moussaye, colonel d'infanterie , commandant pour le Roi à Saint-Domingue.

4°. et 5°. Deux autres fils tués au service du Roi.

 

VI.

 

D'après la coutume de Bretagne qui donnait aux aînés des Maisons nobles les deux tiers des biens, François de la Moussaye, cadet d'une branche peu riche, ne devait recueillir qu'un bien faible patrimoine, mais la nature l'avait doué d'un esprit actif et intelligent, d'une intrépidité rare, et ces qualités ne restèrent pas stériles. François fut très-jeune encore envoyé à Paris par son père; il y vit plusieurs personnes de la Cour dont les liens de la parenté semblaient devoir lui assurer la bienveillance; il fut peu satisfait de leur accueil. Bientôt il partit pour Brest, et monta sur un vaisseau de guerre comme simple volontaire, sans désirer aucun rang dans la marine royale où servaient ses frères : une situation indépendante convenait à ses desseins. N'étant pas assujetti aux règles du service, il put prendre part à toutes les expéditions périlleuses, et successivement embarqué sur plusieurs escadres, il se distingua dans une foule de combats de terre et de mer, livrés pour la plupart aux Indes Occidentales où les Français commençaient alors à former des établissements. Après quelques années de commandement de la partie sud de l’île de Saint-Domingue lui fut confié par le Roi avec le grade de colonel. Il déploya dans ces fonctions autant de douceur que de fermeté, et le souvenir des bienfaits qu'il répandit n'était pas encore effacé lorsque Saint-Domingue cessa d'appartenir à la France.

François de la Moussaye avait reçu de vastes concessions territoriales qui fructifièrent entre ses mains. Mais cédant au désir de revoir sa patrie, il vendit ses biens à Saint-Domingue, et les fonds que cette vente produisit servirent à l'acquisition des seigneuries du Pontgamp, de la Chesnaye-Tanio, de Beaulieu, d'un hôtel à Rennes, et de quelques autres propriétés. François s'étant enrichi aux Indes Occidentales reçut le surnom de la Moussaye l'Indien, et dans une grande partie de la Bretagne, cette désignation est encore appliquée à ses descendants.

A son retour en France, il épousa noble demoiselle Émilie de la Chouë , Maison très-ancienne qui porte trois chouettes pour armes. Il eut pour fils :

1°. François-Victor, comte de la Moussaye, officier de la marine royale, qui suit;

2°. Maurice de la Moussaye, seigneur de Beaulieu, capitaine d'infanterie , mort sans alliance ;

3°. Alexandre, officier de la marine royale, tué au service du Roi ;

4°. Joseph, seigneur de la Folinaie, capitaine au régiment de Provence , qui a formé une branche aujourd'hui subsistante. (Voyez la lettre F. )

 

VII.

 

François Victor, comte de la Moussaye, seigneur du Pontgamp, de Beaulieu, de la Chesnaye-Tanio, de la Villéon et de la Sourdière, servit dans la marine royale. Jeune encore il quitta l'état militaire, et ayant fixé sa résidence à Rennes, il s'occupa avec zèle et talent de l'administration de la Bretagne qui, comme on le sait, se régissait elle-même; il fut l'un des membres les plus considérés de l'ordre de la noblesse, et presque constamment commissaire des États.

Il épousa noble demoiselle Anne le Mintier, fille du seigneur des Granges, et de dame Radégonde de Boisgeslin, dont il eut, outre deux enfants mâles morts en bas âge :

1°. Victor, marquis de la Moussaye, qui suit;

2°. François, vicomte de la Moussaye. ( Voyez la lettre E. )

3°. Françoise, religieuse à l'abbaye noble de Saint-Georges, à Rennes ;

4°. Anne, mariée au comte de Montreuil, frère aîné de l'amiral de la Motte-Piquet;

5°. Émilie, mariée à Louis Preyost, seigneur de la Touraudais, officier de la marine royale;

6°. Renée, non mariée.

 

VIII.

 

Victor, chef de nom et armes de la Maison de la Moussaye, depuis l'extinction de la branche de Saint-Marc, fut maintenu dans la possession du titre héréditaire de marquis, par lettres patentes du Roi, datées du 7 mars 1818, enregistrées à la cour royale de Rennes. Il épousa noble demoiselle Sainte des Cognets, douée des qualités les plus aimables de l'esprit et du cœur, morte dans l'exil en Angleterre. Elle était héritière des deux branches aînées de la Maison des Cognets, celle des seigneurs de l'Hôpital, et celle des seigneurs des Hayes, établies toutes les deux près de Lamballe. Cette Maison, classée parmi l’ancienne chevalerie, ne le cédait en Bretagne à aucune autre, par ses services, ses alliances, et surtout par un esprit agréable devenu proverbial dans le pays qu'elle habitait. Ses armes sont une croix de Terre Sainte, flanquée de quatre molettes d'éperon. Elle posséda longtemps la terre de Galinée près Matignon. Galinée est une corruption de Galilée, nom que Pierre des Cognets, chevalier revenant de la croisade en 1192 , donna à son manoir.

La fortune réunie du marquis et de la marquise de la Moussaye, aurait atteint cent mille francs de revenu qui vaudraient bien plus aujourd'hui. Elle se serait composée des terres principales dont les noms suivent : les seigneuries du Pontgamp, de Beaulieu, de la Vieuville au Sénéchal, de la Villeguerif, la vicomté de Pléhérel, les seigneuries des Hayes, de Carné, du Menubois, de Bélouse, de la Ville-Tanet et des Fermes.

Les confiscations, les spoliations les plus odieuses, ont dévoré ces grands biens , dont il reste à peine quelques faibles débris.

Le marquis de la Moussaye fut l'un des députés que la noblesse de Bretagne envoya en 1788 la cour du roi Louis XVI. Il émigra en 1791, et porta les armes aussi longtemps que d'anciennes blessures le lui permirent. Profondément sensible, mais non moins courageux, il supporta l'infortune avec une constance inébranlable. Rentré en France en 1802, il mourut à Saint-Brieuc en 1819, entouré du respect dû à l'exercice des plus nobles vertus, laissant quelques écrits qui portent l'empreinte d'un esprit supérieur et cultivé.

De son mariage naquirent :

1°. Casimir, marquis de la Moussaye, tué le 5 juillet 1795 au combat de Landevan près Quiberon, à l'âge de dix-huit ans. Il avait quitté l'Angleterre en qualité d'officier supérieur, attaché à l'état-major de l'armée royale. Aussitôt après le débarquement sur les côtes de Bretagne, il prit le commandement d'un corps d'avant-garde, à la tête duquel il fit durant plusieurs jours des progrès rapides. Attaqué par toute l'armée républicaine, ses troupes peu aguerries se débandèrent ; il ne voulut pas fuir, et il se fit tuer. ( Voyez les Mémoires de Vauban, de Villeneuve, et toutes les relations de l'expédition de Quiberon. )

2°. Louis, marquis de la Moussaye après son père, qui suit ;

3°. Paul, comte de la Moussaye, capitaine aux hussards de la garde du Roi , mort à l'âge de vingt-neuf ans le 25 décembre 1826 ait moment où à la suite d'un long et mutuel attachement, il allait épouser la fille unique du comte de Laurencin, héritière d'une fortuite immense, mariée depuis au marquis de Mortemart, auquel revient le titre de duc de Mortemart. Il avait fait avec gloire la campagne d'Espagne en 1823, et reçu la croix d'honneur sur le champ de bataille. Le comte Paul de la Moussaye, orné de tous les dons de la nature, animé de tous les sentiments généreux, fut durant sa trop courte carrière l'orgueil et l'amour de sa famille, dont le temps n'affaiblira pas les regrets;

4°. Adélaïde, mariée à Louis de Visdelou, marquis de Bédée, mort en 1836, sans postérité. Il importe à la Maison de la Moussaye de conserver le souvenir de cette noble alliance. Le marquis de Bédé était aîné d'une famille considérable de Bretagne, riche de 80,000 fr. de rente; il a fini le dernier de quatre frères tués dans l'émigration ou morts par suite de leurs blessures. Il fut lui-mème officier supérieur de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, commandant de la garde d'honneur de Rennes. Loyal et parfait gentilhomme, il offrait un rare assemblage des vertus les plus solides et de toutes les qualités qui font le charme de la vie. Le département des Côtes-du-Nord où il résidait, et où il a fait beaucoup de bien, payera pendant longtemps à sa mémoire un tribut d'affection, d'estime et de reconnaissance;

5°. Victorine, mariée à Stanislas-Armand de Lorgeril, maison d'ancienne chevalerie, nombreuse et considérée en Bretagne et en Normandie;

Trois filles mortes en bas âge.

 

IX.

 

Louis, marquis de la Moussaye, pair de France, gentilhomme de la chambre de LL. MM. Louis XVIII et Charles X.

Les rigueurs de la Providence le destinèrent à survivre à ses frères, et à retracer douloureusement dans ce Mémoire les malheurs sa famille.

Durant le cours de ses longs travaux , il fut successivement officier d'artillerie, dans l'émigration, et fit la campagne qui se termina par la catastrophe de Quiberon; après son retour en France, attaché à l'état-major de la grande armée, depuis la bataille d'Iéna jusqu'à la paix de Tilsit, intendant de la Haute-Autriche, de la Carinthie et de la Carniole, préfet du département du Léman, ministre de l'Empereur près la république de Dantzig; depuis la Restauration, chargé d'affaires durant deux ans à la cour de Russie, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire près les rois de Wurtemberg et de Bavière, près le roi d'Angleterre et de Hanovre, près le roi des Pays-Bas Guillaume Ier, président du collège départemental, et trois fois député des Côtes-du-Nord.

Le 30 août 1821, il a épousé noble demoiselle Alexandrine de la Rochefoucauld, dont le père, le comte de la Rochefoucauld-Cousage était issu du second fils de François, comte de Rochefoucauld, prince de Marsillac, parrain du roi François Ier. La postérité du premier fils ne s'étant perpétuée que par les femmes, le comte de Cousage était à l'époque de sa mort, l’aîné de la maison de la Rochefoucauld : il n'a pas eu de garçons.

Le duc de La Rochefoucauld actuel descend du fils aîné par les comtes de Roye. Les autres branches sortent d'un second mariage. Le comte de Cousage n'a pas eu de garçons.

De ce mariage sont nées quatre filles, Marie, Élisabeth, Marguerite et Claire, et deux garçons. L'aîné, né à Bruxelles, le 28 avril 1830, a été tenu sur les fonts de baptême par M. de Noailles, duc de Poix, et par madame la duchesse de la Rochefoucauld-Liancourt. Il a revu les noms de Louis-Alain-Guillaume-Olivier.

Le second, né Paris, le 20 avril 1838, a été nommé George-Maurice-Olivier-Marie.

 

 

E. SEIGNEURS DE LA CHESNAYE-TANIO.

 

François, vicomte de la Moussaye, colonel de cavalerie, second fils de François Victor, comte de la Moussaye (voyez la lettre D), reçut en partage la seigneurie de la Chesnaye-Tanio, près Matignon.

Le vicomte de la Moussaye, officier au régiment Royal-Cavalerie, émigra en 1791. Il fit la campagne des Princes, puis rejoignit les armées royales de Bretagne dont il devint un des principaux chefs. Il prit part à presque tous les combats acharnés qui se livrèrent à cette époque sanglante. Après la campagne de Quiberon, où il servit dans le corps d'armée commandé par le chevalier de Tinteniac, il ne posa point les armes; il lutta contre des forces supérieures aussi longtemps qu'il y eut des troupes royalistes réunies. (Voyez les Mémoires de Puysaye, de Villeneuve, de Vauban, etc.)

En 1814, le vicomte de la Moussaye se rendit Paris pour complimenter S. M. le roi Louis XVIII , au nom de la noblesse de Bretagne. Sans demander aucun prix de ses propres services, il revint immédiatement dans sa terre, où il a vécu jusqu'en 1837.

De son mariage avec noble demoiselle de Lesquen de la Villemeneu, sont issus :

1°. Amaury-Eugène, vicomte de la Moussaye, capitaine de dragons, marié à mademoiselle Angélique Thierry, dont un fils nommé Alain. Le vicomte Amaury de la Moussaye a servi avec une rare bravoure dans les campagnes de Russie et d'Espagne. Plusieurs fois son nom a été cité avec éloge dans les bulletins de l'armée; de graves blessures l'ont forcé, jeune encore, à quitter le service ;

2°. Victor de la Moussaye, officier supérieur d'infanterie, marié à noble demoiselle Hélène Mc Grath , d'une ancienne famille d’Irlande, dont deux garçons et une fille;

3°. François de la Moussaye, conseiller de préfecture, marié à noble demoiselle Marie Mc Grath, dont deux fils et une fille;

4°. et 5°. Cécile et Amélie de la Moussaye, non mariées.

 

 

F. BRANCHE ÉTABLIE EN ARTOIS.

 

François de la Moussaye, fils de Philippe (voyez la lettre D ), eut pour quatrième fils Joseph de la Moussaye, seigneur de la Folinaie, capitaine au régiment de Provence, qui, après s'être fait remarquer par plusieurs actions d'éclat durant la guerre de sept ans, épousa :

1°. Louise de Harchies, d'une maison riche et considérable de l'Artois, morte sans enfants;

2°. Noble demoiselle de Blairville; de ce mariage sont issus Joseph, comte de la Moussaye, qui suit ; et deux filles dont l'aînée a épousé Henri le Sergeant, baron de Bayenghem, député et président du conseil général du Pas-de-Calais ( depuis Pair de France).

 

II.

 

Joseph, créé comte de la Moussaye, par lettres patentes du Roi, datées du mois de juillet 1826, colonel d'infanterie, a épousé noble demoiselle Sophie de Colnet, d'une famille originaire de Bruges en Belgique, où elle est reconnue comme très-ancienne et placée au premier rang; dont quatre garçons et une fille.

Le 4 janvier 1829, une mort prématurée frappa le comte Joseph de la Moussaye, à l'âge de 42 ans. Dans un temps fécond en vertus guerrières, il s'était montré l'un des héros de l'armée française. Sorti en 1805 de l'École militaire de Fontainebleau, il gagna tous ses grades sur le champ de bataille, et chacun de ces grades fut le prix d'une action d'éclat. Il fut blessé devant Dantzig, le 15 mai 1807; à Friedland , le 14 juin de la même année ; à Baylen en Espagne, le 19 juillet 1808; devant Vitepsk en 1812 ; au retour de Moscou, à Goldberg, le 19 août 1813, et le 29 du même mois à Lowemberg , il resta percé de huit coups de lance, et fut fait prisonnier.

Sur le champ de bataille de Lutzen il fut nommé colonel et officier de la Légion d'honneur; il commanda successivement le régiment de Hohenlohe et le 18e d'infanterie légère.

Parmi les nombreux traits de bravoure qui ont marqué sa carrière, se trouvent les deux suivants :

En 1808, Joseph de la Moussaye était aide-de-camp du général Schramm, commandant en Espagne une brigade suisse. Peu d'instants avant la bataille de Baylen, un colonel de carabiniers espagnols, d'une stature colossale, s'avança sur le front de cette brigade, défiant les officiers à un combat singulier. Joseph de la Moussaye s'élança le premier; après une lutte acharnée, l'Espagnol tomba mort. Le comte Joseph avait reçu au bras gauche un coup de sabre; mais l'action générale s'engageait : oubliant sa blessure, il se précipite au milieu du feu, se bat toute la journée, et a deux chevaux tués sous lui. Ce fait d'armes, digne des anciens preux, est consacré par une déclaration revêtue de la signature de tous les officiers de la brigade suisse.

Deux jours avant la bataille de Bautzen, Joseph de la Moussaye, alors chef de bataillon au 134e régiment de ligne, soutint à Weissig, avec les deux bataillons qu'il commandait, tout l’effort des armées russes et prussiennes. Il vit sans s’ébranler tomber à ses côtés plus des deux tiers de ses soldats. Cette résistance opiniâtre sauva le corps d'année de M. le maréchal Lauriston, qui se trouvait compromis.

A cette brillante valeur se joignaient de rares vertus privées, et toutes les qualités qui commandent l'estime et concilient l'affection. Le 18e régiment d'infanterie légère pleura le comte Joseph de la Moussaye comme un père, et a élevé à sa mémoire un monument qui se voit dans le cimetière de la ville d'Angers.

 

III.

 

Gustave, Louis, Alfred, et Eugène de la Moussaye, fils du comte Joseph.

 

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